Maison Carrée de Nîmes, temple romain datant du premier siècle av. J.-C.
En 1993 est construit le Carré d’art à l’emplacement d’un ancien grand théâtre néo-classique construit de 1798 à 1800, totalement incendié en octobre 1952 et dont ne subsistait que la façade. Architecte : Norman Foster.
Le bâtiment abrite le musée d’art contemporain et la bibliothèque.
J’ai le plaisir d’annoncer la parution du livre de Philippe Oberlé, Arthur Rimbaud et Henry de Monfreid en Éthiopie, remarquablement documenté et richement illustré.
Philippe Oberlé est le conseiller historique de la prochaine exposition « Rimbaud – Soleillet. Une Saison en Afrique » qui s’ouvrira à Nîmes le 21 janvier prochain.
Le livre est en vente par correspondance (28 € frais de port offerts) chez Philippe Oberlé, 213 Rue des Bergeronnettes, 30900 Nimes.
Ou en écrivant à philoberle(at)netcourrier.com.
On le trouve également à la librairie l’Harmattan à Paris.
D’Éthiopie, j’avais commandé le livre d’Alexandre Blaineau, LesChevauxdeRimbaud, qui vient de paraître chez Actes Sud dans la collection Arts équestre dirigée par Jean-Louis Gouraud. En France, je serais allé le chercher dans une librairie ; là, je voulais l’avoir à mon retour, qui m’attendrait. Pierre Brunel m’en avait dit beaucoup de bien, juste avant que je ne parte. Et c’est la course des derniers jours avant le voyage qui m’avait empêché de trouver le temps de l’acheter, car mieux encore, je l’aurais emporté avec moi, à Diré-Daoua au moins, faute d’aller cette fois jusqu’à Harar.
Je me suis donc fait envoyer, à partir d’un site qui annonce céder 10% du prix de la vente d’ouvrages d’occasion à des associations caritatives, un exemplaire réputé comme neuf. De fait, il est impeccable, n’a manifestement jamais été ouvert et contient même, cher Alexandre Blaineau, le communiqué de presse de votre éditeur, un feuillet lui aussi dans un état parfait, donc probablement jamais déplié et que j’étais sans doute le premier à lire. Mais passons sur ces détails qui n’honorent pas certains « critiques littéraires ».
J’aurais aimé l’emporter, mais il est encore mieux en fait de l’ouvrir ici, en France. Donc comme la majorité des lecteurs – bien que je sois sûr que vous ayez aussi en Éthiopie de vrais lecteurs, qui n’ont pas reçus complaisamment un exemplaire de presse.
Mieux, parce que l’ouvrage, très érudit, pose d’emblée une nécessaire distance avec son matériau, de documentation et d’écriture et emmène le lecteur dans un voyage où l’on circule comme en trois dimensions pour observer l’objet proposé à l’examen. Il lance une gageure : déployer sur 184 pages, en 37 chapitres ! l’évocation d’un Rimbaud cavalier. Donc, semble-t-il, dans la dernière partie de sa vie, celle qu’il a passée en Orient, puisqu’Alexandre Blaineau fait commencer à Chypre en mai 1880 sa possible première cavalcade.
Comme pour toute la partie adénie ou africaine de la vie de Rimbaud (Tadjourah, Zeilah, Harar, le Choa, Massawa, Le Caire…) nous ne disposons en réalité que de très peu de faits, très peu d’informations avérées. Tout juste quelques témoignages recueillis le plus souvent après la mort d’Arthur. Nous avons surtout ses lettres, aux siens principalement, et à quelques correspondants, dont un particulièrement important pour Rimbaud, l’ingénieur Alfred Ilg. Il faut donc tirer la substantifique moelle de ces quelques lignes, des quelques mots qui traitent de l’activité du poète devenu négociant explorateur. Et à partir d’un examen très rigoureux de ces vocables, s’autoriser la liberté, non de gloser, mais d’écrire Rimbaud à cheval, de considérer Rimbaud du « point de vue équestre ». D’évoquer le cavalier qui « s’emploie à poursuivre ses anabases à la recherche de l’autre, à la recherche de soi. » Ce beau mot d’anabases, qui est le titre d’un ouvrage de Xénophon, mais aussi de Saint-John Perse, peut être entendu ici, concernant Rimbaud, dans son sens d’expédition de la mer vers l’intérieur montagneux du pays (la montée des armes au Choa), mais aussi, plus poétiquement, dans celui d’une chevauchée vers un ailleurs toujours repoussé.
Et puis nous avons surtout ses textes. Alexandre Blaineau revisite principalement les Illuminations, les Coloured plates, comme l’explique Verlaine en signalant la sonorité anglaise et le sens du titre de ce projet. C’est avec Ornières qu’il donne à entendre sa manière d’explorer à rebours (c’est-à-dire à partir de sa connaissance de ce qu’on appelle généralement « la deuxième vie » de Rimbaud) le texte du poème, en prêtant une attention minutieuse à la graphie du manuscrit, repérant dans un texte écrit d’une traite, sans rature, un très léger accrochage sur une lettre, une consonne, le « l », qui a fait Rimbaud écrire des juments bleues et non brunes.
L’érudition d’Alexandre Blaineau concerne la chose équestre (il a publié notamment, chez le même éditeur, Xénophon, l’intégrale de l’œuvre équestre) et il est capable de nous dire que fut peint dans une grotte du Périgord, il y a 19.000 ans, un cheval bleu, d’en repérer d’autres en Toscane, dans des tombes étrusques ou de traiter des rapports du noir et du bleu chez Gauguin ou Soulages, mais son érudition porte aussi sur l’œuvre du poète. Tout cela dans un style excellent, agréable à lire, et en offrant un discret appareil de notes plus intéressantes les unes que les autres.
Je n’ai pas encore achevé de lire tout le texte, mais puisque certains, dont c’est le travail, sinon le métier, d’écrire sur les écrits des autres, préfèrent revendre les ouvrages que des attachés de presse leur ont scrupuleusement envoyés, en mesurant soigneusement la chance qu’ils y consacrent quelques lignes, j’ai voulu publier ici sans attendre ces quelques observations et dire mon enthousiasme devant ce projet étonnant des ChevauxdeRimbaud.
C’est un ancien cheminot du chemin de fer djibouto-éthiopien, autrefois franco-éthiopien, qui tient le stand où est présenté « Arthur Rimbaud photographe ».
Merci à Christian Merer, son directeur et à toute l’équipe de l’Alliance. De belles fêtes à vous !
10 novembre 1891. Rimbaud meurt à 10 heures selon les registres de l’hôpital de la Conception à Marseille.
La veille, il a dicté à sa sœur Isabelle la lettre à un directeur de compagnie maritime :
Un lot……..1 dent seule
Un lot……………2 dents
Un lot……………3 dents
Un lot……………4 dents
Un lot……………2 dents
M. le directeur,
Je viens vous demander si je n’ai rien laissé à votre compte. Je désir changer aujourd’hui de ce service ci dont je ne connais même pas le nom, mais en tous cas que ce soit le service d’Aphinar. Tous ces services sont là partout et moi impotent, malheureux je ne peux rien trouver, le premier chien dans la rue vous dire cela envoyez moi donc le prix des services d’Aphinar à Suez. Je suis complètement paralysé donc je désire me trouver de bonne heure a bord dites-moi à quelle heure, je dois être transporté à bord.