Signature au Louvre Hotel à Addis-Abeba, mardi 29 octobre à 18:30.
Nuit blanche à Charleville-Mézières
Affluence record pour la Nuit blanche, célébrée à Charleville le samedi 12 octobre.
Clôture de l’exposition ce dimanche soir 13 octobre à 17: 30. Ouverture à 14:00.
Rimbaud n’espérait pas un tel bénéfice de la vente de sa caravane.
La lettre envoyée par Arthur Rimbaud à sa famille depuis Aden le 18 novembre 1885 a été adjugée 46.000 € lors de la vente de la collection Alfred Cortot organisée hier par Christies à Paris.
Comme le signale Jacques Bienvenu sur son blog, l’apparition de cette lettre autographe permet de vérifier la façon dont Isabelle et Paterne Berrichon l’avait retranscrite. André Guyaux, dans son édition de la Pléiade, avait donné la version de Berrichon. Il s’en est peu fallu pourtant, m’a-t-il raconté, qu’il n’ait eu connaissance de l’existence cet autographe.
Rimbaud y annonce son prochain départ pour le Choa : il entreprend de livrer pour le négociant français Pierre Labatut, avec lequel il s’associe, une caravane de fusils réformés achetés en Belgique.
La lettre est particulièrement intéressante pour la demande qu’y fait Rimbaud aux siens de lui envoyer le Dictionnaire de la langue Amariñña publié par Antoine d’Abbadie à Paris chez Vieweg en 1881.
Dans son Dictionnaire des orientalistes de langue française (Paris, Karthala, 2008), François Pouillon dit que l’ouvrage de d’Abbadie – qui fait graver spécialement une police de caractères éthiopiens – « comporte quinze mille entrées dont la fiabilité sera avérée par les lexicographes ultérieurs ».
Cette aventure du voyage de Rimbaud au pays du roi du Choa, Sahlé Selassié, couronné Ménélik II en août 1866, et qui deviendra en novembre 1889 negus negest, « roi des rois » d’Ethiopie, sera au coeur de la prochaine exposition que prépare la bibliothèque Carré d’Art de Nîmes : « Rimbaud-Soleillet. Une Saison en Afrique ». Commissariat : Hugues Fontaine. Conseillers littéraire et historique : Jean-Jacques Salgon et Philippe Oberlé.
Lettre de Rimbaud du 18 novembre 1885
Jean-Jacques Salgon me signale la mise en vente prochaine chez Christies d’une lettre d’Arthur Rimbaud adressée à sa famille, datée d’Aden, Hôtel de l’Univers, le 18 novembre 1885.
Rimbaud y annonce son départ pour le royaume du Choa, « une route terrible », « une cinquantaine de jours de marche à cheval par des déserts brûlants ».
Il souhaite se faire envoyer le dictionnaire de langue amhara d’Antoine d’Abbadie et il demande donc à sa famille d’écrire au directeur de la Librairie des langues orientales à Paris. « Je ne puis me passer de l’ouvrage pour apprendre la langue du pays où je vais et où personne ne sait une langue européenne, car il n’y a presque point d’Européens là jusqu’à présent. »
Nuit blanche
Prochain événement : la Nuit blanche, fêtée à Charleville le 12 octobre pour cause de course Sedan-Charleville-Mézières ce samedi.
Clôture de l’exposition « Rimbaud photographe » le lendemain, 13 octobre.
Le Livre des fuites
Le professeur Pierre Brunel nous fait l’amitié et le grand honneur de donner une conférence dans notre cycle de manifestations, intitulée « Le Livre des fuites ».
Elle se tiendra le jeudi 3 octobre à 18:00 dans l’auditorium de la médiathèque Voyelles.
Arthur Rimbaud Photographe
Après la table ronde réunissant Éloi Ficquet, André Guyaux et Jean-Luc Steinmetz, puis la soirée événement autour d’Alain Borer, je présenterai en avant-première Jeudi 19 septembre à 18:00 dans l’auditorium du musée de l’Ardenne, Place Ducale à Charleville-Mézières, le livre ARTHUR RIMBAUD PHOTOGRAPHE à paraître le 23 octobre aux éditions Textuel.
La conférence, abondamment illustrée, sera suivie d’une signature puis de la projection du film de Pierre Javelot VERS ZANZIBAR (22′).
Jean Rouaud en invité surprise
Inviter Alain Borer à donner une conférence, c’est ouvrir la porte aux surprises et aux amis.
Chehem Watta, en France pour quelques semaines, fera le voyage de Charleville et commencera la soirée en conversation avec Alain Borer.
Sera ensuite projeté un extrait du Voleur de feu, film de Charles Brabant, avec Léo Ferré, tourné à Harar en 1976.
Sophie Bourel dira des poèmes de Rimbaud en contrepoint de l’intervention d’Alain Borer, poète, écrivain-voyageur, romancier, essayiste…, auteur de nombreux livres sur le poète ardennais, prestation qu’il a choisi d’intituler : Rimbaud : la POÉVIE.
Et Jean Rouaud nous réserve une surprise.
Chehem Watta à Charleville
Le poète Chehem Watta, auteur de Rimbaud l’Africain. Diseur de silence, recueil de poèmes paru à l’Harmattan en 2012, sera parmi nous vendredi et dialoguera avec Alain Borer lors de la soirée consacrée aux années éthiopiennes d’Arthur Rimbaud, poète devenu explorateur négociant.
Chehem me dit le grand plaisir qu’il a de se rendre pour la première fois dans la ville natale d’Arthur Rimbaud.
L’actrice Sophie Bourel dira des textes de Rimbaud.
Quatre négatifs dans le fonds Jules Borelli
Comme on peut le voir dans une des vitrines de l’exposition qui vient d’ouvrir ses portes hier au musée Arthur Rimbaud de Charleville-Mézières, les images que Philipp Paultischke attribue à Arthur Rimbaud dans son registre se retrouvent dans le fonds des photographies de Jules Borelli conservées aujourd’hui au musée du quai Branly à Paris.
Je montre sur une table lumineuse les fac-simile de quatre négatifs sur film pelliculaire au gélatino-bromure d’argent. Leur format est 12,5 x 17,5 cm.
Ce procédé sur du film souple (une gélatine) sur laquelle était coulée une émulsion au gélatino-bromure d’argent avait l’avantage de la légèreté sur celui des plaques de verre au gélatino-bromure d’argent, comme Rimbaud a pu en utiliser en 1883.
Borelli qui voyage plus de trois années en Éthiopie avait fait le choix de ne pas s’équiper avec des plaques de verre, lourdes et fragiles, plus difficiles à transporter.
Je montre également ouvert à la page 230-231 de l’ouvrage maître de Jules Borelli, paru en 1890, Éthiopie méridionale : journal de mon voyage aux pays Amhara, Oromo et Sidama, septembre 1885 à novembre 1888l, la gravure de la katama, la « citadelle » du ras Darghé.
L’ouvrage se présente comme un journal. La présence de cette gravure accompagnant le récit permet de dater du 14 mai 1887 la prise de vue de cette image.
Pourquoi présenter quatre négatifs ?
Le quatrième montre trois enfants assis autour du même personnage, vêtu d’une shamma, toge de coton ici réhaussée d’une bande vraisemblablement rouge, que celui que l’on voit sur une des trois épreuves papier de la collection Paulitschke légendée « Lavage de pieds au Choa ». On retrouve aussi le même bouclier et la lance.
Or cette photographie, qui existe aussi dans la collection Paulitschke sous forme d’épreuve sur papier est, elle, mise en relation par le savant autrichien avec le nom de Mgr Taurin Cahagne. Peut-on penser : « attribuée » à Taurin Cahagne ?
Mgr Taurin Cahagne, « vicaire apostolique des Gallas », était arrivé à Harar en avril 1881, profitant du voyage qui faisait Alfred Bardey. Cela est très bien relaté dans Barr-Adjam : souvenirs d’Afrique orientale, 1800-1887 d’Alfred Bardey.
Paulitschke a rencontré Taurin Cahagne lors de son séjour à Harar en février-mars 1885 comme en témoigne un très beau portrait que Paulitschke fait de lui et que vous pouvez voir dans une des vitrines du cabinet de curiosité de la salle Voyages du musée Rimbaud.
Taurin Cahagne, nous le savons parfaitement, n’est pas du voyage que Rimbaud et Borelli font de conserve entre Entotto et Harar du 1er au 20 mai 1887 par la route des Itous Gallas, longeant les monts Tchercher.
La mention « Name des Collectors » qui figure sur l’onglet du registre de Paulitschke est donc bien à prendre dans le cas de cette photographie à la lettre : « celui qui détient une collection ». D’ailleurs, je n’ai pas connaissance que Taurin Cahagne ait fait de la photographie.
Cela n’est toutefois pas exclu : Taurin Cahagne prend bien des mesures de topographie qu’il envoie au savant Antoine d’Abbadie pour compléter les cartes que ce dernier dresse de la région. Rimbaud nous dit aussi qu’il veut, avec son projet d’ouvrage illustré sur Harar et le pays Galla, « couper l’herbe sous les pieds » de Taurin Cahagne, engagé lui aussi dans un projet similaire.
Alors pour quelle raison cette image est-elle liée dans le registre de Paulitschke au nom de Taurin Cahagne tandis que les trois autres le sont à celui d’Arthur Rimbaud ?
Ce point particulier pose toute la question de cette attribution (?) par Paulitschke des trois photographies à Arthur Rimbaud. Que veut dire exactement Paulitschke avec l’expression « Name des Collectors » qu’il utilise indifféremment (du moins dans la confection de son registre) pour les objets ethnographiques, qui emplissent les onze premières pages du registre, que pour les épreuves photographiques détaillées dans les dix dernières pages (Paulitschke numérote des doubles pages)
Dans quelles conditions exactes Paulitschke a-t-il obtenu ces images prises sur l’itinéraire d’Entotto à Harar en mai 1887 ? Ce que nous savons de manière avérée pour l’image de la citadelle et que nous présumons pour celles des enfants.
Serait-ce auprès de Taurin Cahagne avec qui Paulitschke a pu entretenir une correspondance entre l’Autriche et l’Éthiopie, comme il le fait avec le Grec Sotiro à propos du récit de l’assassinat du Comte Porro ?
Quand Arthur Rimbaud doit quitter Harar en avril 1891, le genou horriblement enflé au point qu’il lui faut gagner Zeilah, puis Aden et Marseille où il sera amputé de sa jambe le 27 mai 1891, il laisse probablement derrière lui à Harar certaines de ses affaires et possiblement les confie-t-il à Taurin Cahagne, avec lequel il est en très bons termes.
Dernier point : nous savons – il l’écrit dans Éthiopie méridionale – que Jules Borelli, est en mesure de développer ses négatifs sur le terrain et de faire également des tirages sur du papier sensibilisé, au moyen d’un châssis-presse, par « noircissement direct » à la lumière du soleil.
Si, comme j’en ai fait l’hypothèse, Rimbaud peut avoir fait ces trois images avec l’appareil de Jules Borelli, il peut aussi avoir réalisé, lui-même ou bien Borelli, des épreuves sur papier de ces trois – ou de ces quatre images…