L’EXPOSITION SE MONTE

À Charleville, l’exposition se prépare.

Salle de l'Auberge verte. MOntage de l'exposition "Rimbaud photographe". 
© H. Fontaine
Salle de l’Auberge verte. Montage de l’exposition « Rimbaud photographe ».
© H. Fontaine
Salle de l'Auberge verte. Montage de l'exposition "Rimbaud photographe". 
© H. Fontaine
Salle de l’Auberge verte. Montage de l’exposition « Rimbaud photographe ».
© H. Fontaine

L’exposition – Trois espaces

Autoportrait de Rimbaud sur une terrasse. Harar, 1883. Coll musée Arthur Rimbaud AR277-14-400.

Que verra -t-on au musée Rimbaud à partir du 18 mai et jusqu’au 13 octobre?

Dans la salle des manuscrits seront réunies toutes les épreuves connues à ce jour des photographies prises et tirées par Rimbaud lui-même, à Harar en avril-mai 1883. Notamment ses trois autoportraits. Y sera montrée aussi la photographie de groupe légendée « Environs d’Aden. Avant le déjeuner à Scheick Otman ».

Dans le Cabinet de curiosité de la salle Voyages seront présentées les épreuves de trois nouvelles photographies attribuées à Rimbaud. Je dirai le 14 mai qui les attribue à Rimbaud et comment. Dans la salle Voyages nous montrerons aussi des photographies de la série Choa dont j’ai déjà eu l’occasion de parler ici, ainsi que quelques autres documents.

Dans l’Auberge verte, l’exposition tentera de faire le point sur l’expérience de photographie que fait Rimbaud en Éthiopie en 1883 et interrogera l’illisibilité de ses trois autoportraits.

Vues du Choa

Épreuve photographique sur papier albuminé, contrecollée sur carton, légendée « Maisons du Roi ou Guéby à Ankober ». Photographe présumé : Léon Chefneux, vers 1880. Coll Musée Arthur Rimbaud AR 2002-16-20.

Le musée Rimbaud de Charleville a fort heureusement fait, sous la direction de son précédent conservateur, Alain Tourneux, l’acquisition d’une série d’épreuves photographiques que j’ai proposé d’appeler la « Série Choa ».

Ces photographies d’époque montrent en effet les paysages dont les lecteurs de Rimbaud connaissent bien les noms. On les trouve aussi dans les récits des explorateurs de l’Éthiopie des hautes terres de la fin du XIXe siècle qu’on nomme alors l’Abyssinie. Ce sont Ankober, Entotto, Farré, Aliu Amba (souvent noté à tort Alin Amba)…

On y voit aussi des lieux un peu moins connus comme Amann, Tataramba, Abd el-Rassul, qui, au sud d’Ankober, non loin du grand marché d’Aliu Amba, fut une place majeure de rassemblement des esclaves entre les régions où étaient razziés ces malheureux hommes, femmes et enfants, et les rivages de la mer Rouge, où ils étaient ensuite conduits, à Zeila, Tajourah…, têtes de pont des caravanes.

Je pense que ces photographies ont été prises au début des années 1880 par Léon Chefneux, dont on sait qu’il a accompagné Henry Audon et Paul Soleillet dans leurs voyages d’exploration, et photographié avec eux ou pour eux, selon la manière dont on voit les choses.

Ces photographies seront présentées dans la salle Voyages avec des gravures, des cartes, des textes et d’autres documents qui en diront tout l’intérêt.

Ankober – Entotto – Harar par les Itous

Le 1er mai 1887, Arthur Rimbaud, accompagné de l’explorateur Jules Borelli, se rend à Harar après avoir livré à Ménélik II, roi du Choa, province d’Ethiopie, la caravane d’armes qu’il a montée seul depuis les rivages de la mer Rouge, par un voyage difficile qui a duré plus de quatre mois (d’octobre 1886 à février 1887).

Les explorateurs européens ne pratiquaient pas cet itinéraire. C’est le roi Ménélik qui l’emprunte avec son armée au retour de la bataille de Chalenko remportée sur l’émir Abdullahi, maître vaincu de Harar, le 6 janvier 1887. Rimbaud décide de le prendre à son tour, dans l’autre sens.

Il chemine vingt jours. Il donnera à son ancien employeur, Alfred Bardey, des détails sur cette route nouvelle, qui ouvre des perpectives intéressantes pour le commerce. Il en rendra compte aussi dans sa « Lettre au directeur du Bosphore égyptien », publiée en août 1887.

Tout nous porte à croire que Rimbaud y fait des photographies. Nous dirons pourquoi et en présenterons trois, inédites, au musée Rimbaud à partir du 18 mai.

Carte de l’itinéraire suivi par Borelli et Rimbaud d’Entotto à Harar par le pays des Itous-Gallas. Éthiopie méridionale, 1890.

La photographie dans les voyages d’exploration

Comme le montre cette gravure publiée dans Les Merveilles de la photographie. Ouvrage illustré de 65 vignettes par Jahandier et d’une planche tirée à la presse photoglyptique par Gaston Tissandier, traité rédigé par Louis Figuier en 1867, la photographie de voyage qui se pratique en ses débuts avec des émulsions au collodion, qu’il faut préparer à l’abri de la lumière juste avant la prise de vue, et garder humides jusqu’au développement de la plaque de verre, n’est pas une mince affaire.

L’exposition se prépare

Grâce au très beau travail de l’équipe technique du musée et de la ville, une des trois salles qui abritera l’exposition RIMBAUD PHOTOGRAPHE, l’Auberge verte, espace des expositions temporaires, est en préparation. Bientôt équipée pour accueillir le montage de l’exposition.

Préparation de la salle de l'Auberge verte.
© H FONTAINE, 2019.

Mon bagage photographique

Le 16 novembre 1882 à Aden, Rimbaud écrit aux siens :

Chers amis,

Une lettre de Lyon, du 20 octobre, m’annonce que mon bagage photographique est acheté. Il doit être en route à présent. On a donc dû s’adresser à vous pour le remboursement des frais.

[…] Quand je serai reparti en Afrique, avec mon bagage photographique, je vous enverrai des choses intéressantes.

La technique photographique en 1882

Qu’en est-il de la technique photographique quand Rimbaud s’équipe à Lyon d’un matériel photographique (appareil, accessoires et produits) ? J’ai demandé de tous les ingrédients pour une campagne de deux ans, écrit-il à sa mère d’Aden, le 8 décembre 1882.

L’exposition fera le point sur ce qui peut être acheté en 1882, et tentera de dire le plus précisément possible quel matériel Rimbaud a pu utiliser.