La découverte de trois, voire quatre photographies que Rimbaud a pu prendre dans le pays des Gallas-Itous, longeant les monts Tchertcher, en compagnie de l’explorateur Jules Borelli, relance la question de son intérêt pour la photographie. Nous sommes en 1887. Il a revendu son propre appareil en 1885. On sait qu’il échangera, justement avec le même Borelli, en 1889, une correspondance où il sera question de cet autre étonnant photographe de l’Éthiopie qu’est Édouard Bidault de Glatigné, que Rimbaud connaît bien.
« Bidault, pérégrinant et photographiant dans les monts du Harar » (lettre à Alfred Ilg, Harar, le 25 juin 1888).
« Je dis bonjour à Bidault de votre part. Il vous salue avec empressement. Il n’a pas encore pu placer sa collection de photographies du pays qui est à présent complète. On ne l’a pas rappelé au Choa ni ailleurs et il vit toujours dans la contemplation » (lettre à Jules Borelli, Harar, 25 février 1889).
Mais cette découverte nous parle au fond très bien de Rimbaud en Éthiopie.
Il y photographie des enfants et ce très beau rituel antique, pratiqué au quotidien, du lavage des pieds. Dido Lykoudis me dit qu’elle a vu faire cela chez sa grand-mère en Éthiopie.
Il compose ce tableau des enfants encadrant le massaub couché dans l’herbe. C’est le regard du poète.
Il photographie la katama du ras Darghé, une forteresse établie sur la route entre Entotto, la capitale du royaume, et la cité de Harar, qui était encore il y a peu gouvernée par l’émir musulman Abdullaï. Et là, c’est Rimbaud l’observateur du terrain politique.
Samedi 25 maià 18:00 à la médiathèque Voyelles de Charleville-Mézières, Éloi Ficquet, André Guyaux, Jean-Luc Steinmetz aborderont chacun à leur façon la question de Rimbaud en Éthiopie.
Je montrerai en première partie des photographies prises en 1868 dans ce que les Européens nomment alors l’Abyssinie, et que Rimbaud a très probablement vues lorsqu’il était à Londres entre 1872 et 1874.
Éloi Ficquet est ardennais. Ce n’est pas pour suivre les traces d’Arthur Rimbaud, mais sans doute motivé par une quête d’ailleurs, qu’il a commencé par voyager en Éthiopie. Fasciné par un pays aux cultures, langues et religions multiples au carrefour des grandes civilisations du monde, il s’est consacré à l’étude de l’histoire des peuples de la Corne de l’Afrique du XVIe siècle jusqu’à aujourd’hui. Il a dirigé à Addis Abeba le centre français des études éthiopiennes, et c’est aujourd’hui à l’École des hautes études en sciences sociales qu’il enseigne.
Il propose de nous entretenir de « la fonction reliquaire d’Arthur Rimbaud dans l’étude de l’histoire contemporaine précoce d’Éthiopie ».
André Guyaux nous parlera de : « Illusion, déception, ou le fort-da du voyageur ».
André Guyaux est professeur à la Faculté des lettres de Sorbonne Université, où il dirige le centre de recherche sur la littérature du XIXe siècle. Il est l’auteur d’une thèse sur les poèmes en prose de Rimbaud (Poétique du fragment. Essai sur les «Illuminations» de Rimbaud, 1985), d’une Bibliographie des «Illuminations» établie en collaboration avec Olivier Bivort (1991) et d’un essai intitulé Duplicités de Rimbaud (1991). Il a dirigé un Cahier de L’Herne Rimbaud (1993) et établi l’édition des Œuvres complètes de Rimbaud à la Pléiade (2009).
André Guyaux s’intéresse aussi à Baudelaire et à Huysmans. Il dirige, avec Pierre Jourde, une édition des Romans et nouvelles de Huysmans, à paraître en octobre 2019 dans la Bibliothèque de la Pléiade.
Jean-Luc Steinmetz a choisi de traiter de « Rimbaud, Éthiopie : incidences et coïncidences ».
Jean-Luc Steinmetz, professeur émérite de l’Université de Nantes, est biographe et poète.
Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles.
Comme on peut le voir dans une des vitrines de l’exposition qui vient d’ouvrir ses portes hier au musée Arthur Rimbaud de Charleville-Mézières, les images que Philipp Paultischke attribue à Arthur Rimbaud dans son registre se retrouvent dans le fonds des photographies de Jules Borelli conservées aujourd’hui au musée du quai Branly à Paris.
Je montre sur une table lumineuse les fac-simile de quatre négatifs sur film pelliculaire au gélatino-bromure d’argent. Leur format est 12,5 x 17,5 cm.
Ce procédé sur du film souple (une gélatine) sur laquelle était coulée une émulsion au gélatino-bromure d’argent avait l’avantage de la légèreté sur celui des plaques de verre au gélatino-bromure d’argent, comme Rimbaud a pu en utiliser en 1883.
Borelli qui voyage plus de trois années en Éthiopie avait fait le choix de ne pas s’équiper avec des plaques de verre, lourdes et fragiles, plus difficiles à transporter.
Je montre également ouvert à la page 230-231 de l’ouvrage maître de Jules Borelli, paru en 1890, Éthiopie méridionale : journal de mon voyage aux pays Amhara, Oromo et Sidama, septembre 1885 à novembre 1888l, la gravure de la katama, la « citadelle » du ras Darghé.
L’ouvrage se présente comme un journal. La présence de cette gravure accompagnant le récit permet de dater du14 mai 1887 la prise de vue de cette image.
Pourquoi présenter quatre négatifs ?
Le quatrième montre trois enfants assis autour du même personnage, vêtu d’une shamma, toge de coton ici réhaussée d’une bande vraisemblablement rouge, que celui que l’on voit sur une des trois épreuves papier de la collection Paulitschke légendée « Lavage de pieds au Choa ». On retrouve aussi le même bouclier et la lance.
Or cette photographie, qui existe aussi dans la collection Paulitschke sous forme d’épreuve sur papier est, elle, mise en relation par le savant autrichien avec le nom de Mgr Taurin Cahagne. Peut-on penser : « attribuée » à Taurin Cahagne ?
Mgr Taurin Cahagne, « vicaire apostolique des Gallas », était arrivé à Harar en avril 1881, profitant du voyage qui faisait Alfred Bardey. Cela est très bien relaté dans Barr-Adjam : souvenirs d’Afrique orientale, 1800-1887 d’Alfred Bardey.
Paulitschke a rencontré Taurin Cahagne lors de son séjour à Harar en février-mars 1885 comme en témoigne un très beau portrait que Paulitschke fait de lui et que vous pouvez voir dans une des vitrines du cabinet de curiosité de la salle Voyages du musée Rimbaud.
Taurin Cahagne, nous le savons parfaitement, n’est pas du voyage que Rimbaud et Borelli font de conserve entre Entotto et Harar du 1er au 20 mai 1887 par la route des Itous Gallas, longeant les monts Tchercher.
La mention « Name des Collectors » qui figure sur l’onglet du registre de Paulitschke est donc bien à prendre dans le cas de cette photographie à la lettre : « celui qui détient une collection ». D’ailleurs, je n’ai pas connaissance que Taurin Cahagne ait fait de la photographie.
Cela n’est toutefois pas exclu : Taurin Cahagne prend bien des mesures de topographie qu’il envoie au savant Antoine d’Abbadie pour compléter les cartes que ce dernier dresse de la région. Rimbaud nous dit aussi qu’il veut, avec son projet d’ouvrage illustré sur Harar et le pays Galla, « couper l’herbe sous les pieds » de Taurin Cahagne, engagé lui aussi dans un projet similaire.
Alors pour quelle raison cette image est-elle liée dans le registre de Paulitschke au nom de Taurin Cahagne tandis que les trois autres le sont à celui d’Arthur Rimbaud ?
Ce point particulier pose toute la question de cette attribution (?) par Paulitschke des trois photographies à Arthur Rimbaud. Que veut dire exactement Paulitschke avec l’expression « Name des Collectors » qu’il utilise indifféremment (du moins dans la confection de son registre) pour les objets ethnographiques, qui emplissent les onze premières pages du registre, que pour les épreuves photographiques détaillées dans les dix dernières pages (Paulitschke numérote des doubles pages)
Dans quelles conditions exactes Paulitschke a-t-il obtenu ces images prises sur l’itinéraire d’Entotto à Harar en mai 1887 ? Ce que nous savons de manière avérée pour l’image de la citadelle et que nous présumons pour celles des enfants.
Serait-ce auprès de Taurin Cahagne avec qui Paulitschke a pu entretenir une correspondance entre l’Autriche et l’Éthiopie, comme il le fait avec le Grec Sotiro à propos du récit de l’assassinat du Comte Porro ?
Quand Arthur Rimbaud doit quitter Harar en avril 1891, le genou horriblement enflé au point qu’il lui faut gagner Zeilah, puis Aden et Marseille où il sera amputé de sa jambe le 27 mai 1891, il laisse probablement derrière lui à Harar certaines de ses affaires et possiblement les confie-t-il à Taurin Cahagne, avec lequel il est en très bons termes.
Dernier point : nous savons – il l’écrit dans Éthiopie méridionale – que Jules Borelli, est en mesure de développer ses négatifs sur le terrain et de faire également des tirages sur du papier sensibilisé, au moyen d’un châssis-presse, par « noircissement direct » à la lumière du soleil.
Si, comme j’en ai fait l’hypothèse, Rimbaud peut avoir fait ces trois images avec l’appareil de Jules Borelli, il peut aussi avoir réalisé, lui-même ou bien Borelli, des épreuves sur papier de ces trois – ou de ces quatre images…
Galla: Kindern mit dem Massaub. Tisch (« Galla : enfants avec un massaub. Table »). La photographie représente deux enfants assis dans l’herbe (un garçon et une fille ?) qui regardent le photographe. Entre les deux, couchée sur le côté, une table en vannerie (massaub), comme on en utilise sur les hautes terres de l’Éthiopie.
Et la page 18 du registre sur lequel figure le nom de Rimbaud. Sur deux lignes. La seconde fois, Paulitschke a écrit derselbe, « le même [nom] ».
C’est en faisant des
recherches dans les fonds d’archives, publiques et privés, en Europe et en
Éthiopie, que j’ai découvert au Weltmuseum à Vienne trois photographies que le
savant autrichien Philipp Paulitschke, linguiste, géographe, ethnographe et photographe,
qui s’est rendu à Harar en février-mars 1885, attribue à Arthur Rimbaud.
Le 30 mars 1892, sept ans
après son voyage en Afrique de l’Est, Paulitschke donne au Naturhistorishes Hofmuseum, le
musée d’histoire naturelle de Vienne, un ensemble de 244 objets ethnographiques
et de 220 épreuves photographiques. Cette donation s’accompagne d’un inventaire
soigneusement rédigé, signé le 27 février 1892. Comme dans un bon livre de comptabilité,
avec des onglets qui se déplient, Paulitschke numérote les artefacts puis les
tirages photographiques, donne une description, un nom de lieu et le nom de
celui qui les a « collectés » (Name
des Collectors) ainsi qu’une éventuelle observation. Cette appellation de Collector utilisée aussi bien pour les
objets que pour les photographies convient certes aux premiers, mais pose à
vrai dire un problème d’ambiguïté pour ces dernières. Paulitschke veut-il dire dans ce cas « photographe » ?
Il écrit
en marge de la page 12 à propos des photographies qu’il a rassemblées :
« La collection contient des types extrêmement rares de Danakil, des
images ethnographiques des pays Galla et Somali, ainsi que du Choa. Presque
tous les négatifs de ces photographies sont désormais perdus. Ceci est la plus
grande collection existante de photographies originales sur l’Afrique
orientale. » Toutes ces images sont à l’évidence des contretypes :
photographies de photographies, positives ou négatives, tirées sur le même
papier, contrecollées sur des cartons et légendées.
À trois
reprises, page 18 et 19, figure le nom de « M. Rimbaud », en regard
de trois numéros de photographies qui sont légendées :
1/ Galla: Kindern mit dem Massaub.
Tisch (« Galla : enfants avec un massaub. Table »). La photographie représente deux enfants
assis dans l’herbe (un garçon et une fille ?) qui regardent le
photographe. Entre les deux, couchée sur le côté, une table en vannerie (massaub), comme on en utilise sur les
hautes terres de l’Éthiopie.
2/ Fußwaschung in Schoa (« Lavage des pieds au Choa »). Un garçon (le même que dans la photographie précédente ?) lave les pieds d’un jeune noble dans un récipient en poterie. Assis sur un pliant (on en voit de pareils dans la collection de Paulitschke), celui-là tient à la main une lance. Son bouclier est posé près de lui.
3/ Befestigüng im Lande der Galla-Itou : Cercer (« Fortifications en pays Galla-Itou : Tchercher »). Cette troisième photographie montre un paysage avec une fortification : la katama, « citadelle », du ras Darghé.
Cette dernière
photographie donne plusieurs clés. Le lieu où a été prise la photographie et
son sujet.
Mais elle
pose aussi question. On la trouve en effet reproduite sous la forme d’une
gravure dans l’ouvrage que publie Jules Borelli en 1890 : Éthiopie méridionale : journal de mon
voyage aux pays Amhara, Oromo et Sidama, septembre 1885 à novembre 1888.
Et, en cherchant dans le fonds photographique que Borelli a offert le 14
février 1908 au Laboratoire d’anthropologie du Museum à Paris (qui deviendra le
musée de l’Homme), on trouve les négatifs de ces trois images.
Ce sont
des négatifs dits « pelliculaires », c’est-à-dire des négatifs
souples au gélatino-bromure d’argent, supports plus légers que les plaques de
verre communément utilisées alors. Borelli a choisi ce procédé parce qu’il va voyager
pendant plus de trois années.
On
trouve aussi une quatrième image qui semble faire partie de la même
série : avec le même garçon à qui on lave les pieds, vêtu de la même
toge. Or Paulitschke n’attribue pas
cette image à Rimbaud, mais à Taurin Cahagne, vicaire apostolique des Gallas,
arrivé à Harar en avril 1881, et que Rimbaud connaissait bien. Il attribue en
revanche à Borelli 21 images, clichés que l’on retrouve bien dans le fonds
photographique de l’explorateur.
Nous
savons que Rimbaud et Borelli parcourent ensemble, entre le 1er et
le 20 mai 1887, un itinéraire qui les conduit d’Entotto, ville où le roi du
Choa, Ménélik II, a établi une de ses résidences, jusqu’à Harar, qu’il vient
juste de conquérir. Le 14 mai, Borelli décrit dans son livre la visite que tous
deux font de la place forte. Rimbaud, de son côté, raconte succinctement, à sa
façon, cet épisode du voyage dans la « Lettre au directeur du Bosphore égyptien », qui est
publiée au Caire en fin août 1887.
Je formule
donc l’hypothèse qu’Arthur Rimbaud a pris ces trois photographies avec l’appareil
photographique de Borelli. Il a en effet revendu le sien, vraisemblablement à
Aden. Il écrit à sa mère et à sa sœur Isabelle le 14 avril 1885 : « L’appareil
photographique ? À mon grand regret je l’ai revendu, mais sans
perte ».
Je ne
sais toutefois pas dans quelles circonstances exactes Paulitschke les a
obtenues de Rimbaud.
A-t-il
rencontré ce dernier à Aden lorsqu’il y passe en avril 1885 ? Alfred
Bardey, l’employeur de Rimbaud, qui est le correspondant de la Société de
géographie de Paris, a signalé le passage de l’expédition autrichienne. Il a
également envoyé un portrait photographique de Hardegger, compagnon de voyage
de Paulitschke, fait par Bidault de Glatigné, un aristocrate de la Mayenne en
rupture de ban, qui a quitté lui aussi la France et s’est établi comme
photographe à Aden (Rimbaud l’hébergera chez lui à Harar en 1888). Mais même si
Paulitschke a rencontré parmi ces Français vivant à Harar le génial poète
devenu négociant, celui-ci ne peut lui avoir donné ces photographies, qui ne
seront faites qu’en mai 1887. Paulitschke aurait-il maintenu un contact avec le
poète explorateur ? Les tient-il de Taurin Cahagne, comme peut le laisser
supposer la quatrième photographie ?
Paulitschke meurt à Vienne précocement le 11 décembre 1899, soit huit ans avant le dépôt que fait Borelli de ses photographies au Laboratoire d’anthropologie du Museum à Paris. Il a donc rassemblé les photographies de Borelli soit directement auprès du voyageur, qui les utilise pour la publication de son livre en 1890, soit indirectement auprès de ceux qu’il nomme dans son registre des Collector. Paulitschke rassemble aussi des photographies d’autres voyageurs dont il est avéré qu’ils sont photographes : Paul Soleillet, Alfred Ilg, Édouard Bidault de Glatigné, Leopoldo Traversi… Il cite ainsi dix-neuf noms.
Voici la page 19 du registre de Philipp Paulitschke.
Une photographie est un document délicat à exploiter en tant que source historique si l’on manque d’informations essentielles sur les conditions de sa production : quel en est le photographe, quand la photographie a-t-elle été prise, à quel endroit, dans quelles conditions, pourquoi ? etc. La découverte de ces trois nouvelles photographies pose autant de questions qu’elle n’en règle, mais c’est un fait historique avéré qu’en 1892, un savant qui s’est rendu lui-même à Harar en 1885, les attribue à « M. Rimbaud ».
Nous les présentons au musée Arthur Rimbaud de Charleville-Mézières à l’occasion de l’exposition Rimbaud photographe. La recherche est un processus ouvert et nous espérons que l’avenir nous apportera de nouveaux éléments pour documenter mieux encore cette découverte.
Un livre, Rimbaud photographe, abondamment illustré, paraîtra à l’automne aux éditions Textuel.
Les trois photographies qu’une personnalité historique majeure attribue au poète devenu négociant sont arrivées aujourd’hui au musée de Charleville-Mézières.
Que verra -t-on au musée Rimbaud à partir du 18 mai et jusqu’au 13 octobre?
Dans la salle des manuscrits seront réunies toutes les épreuves connues à ce jour des photographies prises et tirées par Rimbaud lui-même, à Harar en avril-mai 1883. Notamment ses trois autoportraits. Y sera montrée aussi la photographie de groupe légendée « Environs d’Aden. Avant le déjeuner à Scheick Otman ».
Dans le Cabinet de curiosité de la salle Voyages seront présentées les épreuves de trois nouvelles photographies attribuées à Rimbaud. Je dirai le 14 mai qui les attribue à Rimbaud et comment. Dans la salle Voyages nous montrerons aussi des photographies de la série Choa dont j’ai déjà eu l’occasion de parler ici, ainsi que quelques autres documents.
Dans l’Auberge verte, l’exposition tentera de faire le point sur l’expérience de photographie que fait Rimbaud en Éthiopie en 1883 et interrogera l’illisibilité de ses trois autoportraits.
Le musée Rimbaud de Charleville a fort heureusement fait, sous la direction de son précédent conservateur, Alain Tourneux, l’acquisition d’une série d’épreuves photographiques que j’ai proposé d’appeler la « Série Choa ».
Ces photographies d’époque montrent en effet les paysages dont les lecteurs de Rimbaud connaissent bien les noms. On les trouve aussi dans les récits des explorateurs de l’Éthiopie des hautes terres de la fin du XIXe siècle qu’on nomme alors l’Abyssinie. Ce sont Ankober, Entotto, Farré, Aliu Amba (souvent noté à tort Alin Amba)…
On y voit aussi des lieux un peu moins connus comme Amann, Tataramba,Abd el-Rassul, qui, au sud d’Ankober, non loin du grand marché d’Aliu Amba, fut une place majeure de rassemblement des esclaves entre les régions où étaient razziés ces malheureux hommes, femmes et enfants, et les rivages de la mer Rouge, où ils étaient ensuite conduits, à Zeila, Tajourah…, têtes de pont des caravanes.
Je pense que ces photographies ont été prises au début des années 1880 par Léon Chefneux, dont on sait qu’il a accompagné Henry Audon et Paul Soleillet dans leurs voyages d’exploration, et photographié avec eux ou pour eux, selon la manière dont on voit les choses.
Ces photographies seront présentées dans la salle Voyages avec des gravures, des cartes, des textes et d’autres documents qui en diront tout l’intérêt.
L’exposition RIMBAUD PHOTOGRAPHE sera inaugurée le samedi 18 mai à 17:30 dans la salle Voyages du musée Rimbaud de Charleville-Mézières avec la présentation de trois nouvelles photographies attribuées au poète devenu négociant explorateur en Éthiopie.
Suivront des rencontres avec quelques-uns des meilleurs connaisseurs de Rimbaud. En voici le programme.